Dossier : Des têtes dans les étoiles [International]
Même si la figure du super-héros parti à la conquête de l’infini et au-delà est en train de s’estomper, l’exploration spatiale ne s’est longtemps conjuguée qu’au masculin. Dans le sillage des rares pionnières, les femmes astronautes arrivent pourtant peu à peu à prendre leur place plus près des étoiles. Qu’elles volent en solo, en équipe paritaire ou 100 % féminine, l’espace ne peut plus se passer de mixité et de diversité.
Texte d’Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #42, mars-avril 2021

Le 18 octobre 2019, les astronautes Christina Koch et Jessica Meir ont effectué la première sortie dans l’espace 100 % féminine, pour réaliser des opérations de maintenance à l’extérieur de la Station spatiale internationale. En mars de la même année, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Jim Bridenstine, administrateur de la Nasa, déclarait : “Il est probable que la prochaine personne sur la Lune soit une femme. La première personne sur Mars le sera aussi certainement.” En perspective, un petit pas pour la femme et un grand pas pour l’égalité.


Les deux favorites pour franchir ce pas sont Christina Koch (qui totalise 328 jours dans l’espace, et 42 h 15 de sorties extravéhiculaires) et Anne McClain (204 jours dans l’espace, 13 h 08 de sorties extravéhiculaires). “La figure de l’astronaute est un moteur de fantasme collectif et un instrument symbolique très fort”, remarque Silvia Casalino, ancienne ingénieure aérospatiale au Centre national d’études spatiales (Cnes) et réalisatrice du documentaire No Gravity1. Autre avancée emblématique : en juin dernier, Kathy Lueders était promue à la direction des vols habités de la Nasa, poste le plus prestigieux de l’agence américaine, alors que l’objectif d’une mission lunaire a été confirmé à l’horizon 2024.
Pendant longtemps cette figure du super-héros lancé à la conquête des étoiles fut l’apanage des hommes. Au-delà de sa valeur symbolique, la participation des femmes à l’exploration de l’espace a été, et continue d’être, un enjeu politique pour les agences spatiales, qu’elles soient américaine, russe, chinoise, indienne ou européenne. Mais aussi un enjeu pour l’humanité tout entière… “Quand j’étais petite, j’étais révoltée qu’il n’y ait que des hommes blancs qui aillent dans l’espace, car je me disais : s’ils rencontrent des extraterrestres, ceux-ci vont croire que tous les humains sont des hommes blancs”, confie, dans le film de Silvia Casalino, Mae Carol Jemison, première astronaute afro-américaine.
