Deborah Pardo : Pôle position [France]
Deborah Pardo est la seule scientifique française à avoir embarqué dans la première et la plus vaste expédition internationale en Antarctique composée exclusivement de chercheuses. Ces soixante-seize pionnières en sont revenues décidées à changer le monde. Et sont bien parties pour le faire.
Par Sandrine Boucher
Paru dans Femmes ici et ailleurs #18, mars-avril 2017

Deborah Pardo parle vite, très vite, aussi bien dans cet anglais “pointu” de Cambridge où elle travaille depuis 2013, qu’en français, avec le léger accent qu’elle a gardé de sa ville d’origine, Marseille. Elle va très vite aussi. Enfant, elle voulait exercer un métier en lien avec les animaux. Elle s’oriente vers des études de biologie, où rapidement la jeune femme “s’ennuie un peu”. Deborah Pardo file alors poursuivre son cursus à Uppsala, en Suède. Une “première révélation” où elle découvre un mode d’apprentissage “plus collaboratif” que dans notre pays et l’intérêt d’élargir son regard vers l’international.
De retour en France, elle intègre le très exigeant master Biodiversité Écologie Évolution à Montpellier, puis est reçue à l’université Pierre et Marie Curie pour préparer une thèse sur la démographie des populations d’albatros. Pourquoi les albatros ? Parce qu’ils offrent “le meilleur jeu de données au monde pour étudier l’évolution des effectifs à long terme sous l’effet des activités humaines”. Deuxième révélation lors d’un séjour de trois mois, seule, sur les îles Kerguelen, dans les terres australes françaises : le dépaysement est complet et, lorsqu’elle voit la première fois de près ces grands oiseaux (3,50 m d’envergure…), l’émotion lui coupe le souffle.
Elle obtient son doctorat avec les félicitations du jury. Deborah Pardo réalise alors son rêve en décrochant, début 2013, un contrat de chercheuse dans le prestigieux institut polaire de Cambridge. Ses travaux conduisent notamment à faire reconnaître à un type d’albatros le statut d’espèce à conservation prioritaire, ce qui permet de dégager des financements pour sa protection. Cela aurait pu être le couronnement d’un parcours sans faute, ce ne fut qu’une étape.