Christelle Galand : Affronter la maladie ou des passages de vie difficiles avec l’aide de la photothérapie

Au sein du Club Femmes ici et ailleurs, nous avons la chance de compter des personnalités exceptionnelles, agissant dans des domaines très divers, en France et bien au-delà de nos frontières. 

Après avoir été professeur d’anglais dans l’enseignement supérieur puis directrice d’un centre de formation en langues étrangères, Christelle Galand s’est reconvertie dans la photographie sociale et thérapeutique.

Propos recueillis par Stella Brunet

Quel est votre parcours ? 

J’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans la formation en langues en tant que professeure d’anglais, puis en tant que directrice d’un centre de formation pour adultes, avant d’occuper un emploi en tant que secrétaire comptable après un second licenciement économique. Après mon troisième licenciement, j’ai fait un burn out et j’ai eu besoin de me reconnecter à moi et de redéfinir mes priorités de vie. C’est lors d’un week-end de ressourcement en nature que j’ai rencontré une thérapeute qui m’a proposé de photographier des femmes dans leurs émotions et d’en faire une exposition en nature. La passion pour la photographie depuis mes 12 ans à redonné du sens à ma vie et c’est depuis ce jour que tout s’est mis en place. C’est en partant une semaine en tant que photographe bénévole aux côtés d’une association Tourangelle « Au sein des femmes » avec 25 femmes traitées pour des cancers féminins en 2018 que mon métier de photographe a pris tout son sens. Je me suis alors formée pendant quatre ans à la photothérapie. En Suisse en photographie sociale et thérapeutique, et à Paris en psycho-corporel avec une thérapeute qui travaille avec des femmes victimes de violences, ceci afin d’avoir différentes approches. C’est en Juin 2016 que j’ai déclaré mon activité en auto-entreprise. 

Avec quels publics travaillez-vous ? 

Mon activité professionnelle est principalement centrée sur les femmes, mais je travaille aussi en portraits avec des familles, femmes enceintes et personnes âgées en maisons de retraite. Les femmes ont souvent des parcours difficiles quand elles tombent malades et affrontent des crises de milieu de vie. J’ai donc créé des ateliers de photothérapie pour les réconcilier avec leur image et leur estime, ainsi que des séances de reconnexion à elles telles que le portrait thérapeutique, ou le travail du corps au miroir. J’ai commencé cette activité dans des associations ou des centres sociaux, comme les restos du cœur avec les hébergés ou la Maison des Familles. Par la suite, j’ai découvert l’association « Au Sein des femmes », basée à Tours que j’accompagne chaque année une semaine autour d’événements pour la prévention des cancers féminins avec des femmes malades ou en rémission. Depuis deux ans, je suis photothérapeute pour l’association « Des Elles pour vous » à Chilly (74), présidée par Véronique SACCO. Je n’ai encore jamais travaillé avec des hommes, plus pudiques sur le fait de parler de leurs émotions, mais j’espère qu’à l’avenir ils auront envie de franchir le pas. 

Quels sont les bénéfices de la photothérapie ? 

La photothérapie permet à la personne de se voir autrement. En individuel, différents processus sont possibles, et à l’aide de 4 séances ou plus, comme le photolangage, la danse, le portrait thérapeutique, etc… la personne se reconnecte à sa part émotionnelle. J’effectue aussi parfois des séances du corps devant le miroir. La séance photo arrive généralement à la fin de tout ce processus et ce travail émotionnel. Ce n’est jamais évident de passer devant l’objectif, mais chaque personne est nourrie par ce qu’on a construit ensemble. J’essaie de trouver le fil rouge de tout ce qu’on  travaille ensemble pour qu’elles puissent être révélées par l’image. J’apprends à connaître la personne, à l’écouter et à la guider intuitivement. Je les encourage à crier et pleurer si elles en ont besoin, à libérer ce qui parfois est enfoui depuis longtemps et qui les empêche de vivre pleinement leur être. Je suis toujours présente lors de la découverte des photos. Parfois, elles ne sont pas préparées à l’image qu’elles renvoient, mais il y a des prises de conscience, elles se voient transformées, c’est tout un processus. Dans ces moments-là, je sens que je suis à la bonne place. Mon souhait le plus cher et la raison de mon métier : que chaque personne arrive à se re-découvrir, qu’elle se révèle à elle-même, et qu’elle se voit comme je les vois derrière l’objectif. Et parfois, comme cela est déjà arrivé, que cette étape leur permette de vivre enfin leur rêve et d’oser !! 

Que vous apporte le magazine et le club Femmes ici et ailleurs ? 

J’apprécie les regards croisés et les sensibilités différentes que propose le magazine, ainsi que l’ouverture sur le monde d’aujourd’hui avec plus de conscience pour soi, pour l’autre, pour l’environnement et pour nos émotions. Mais aussi le parcours exceptionnel et inspirant de certaines personnes.

Retrouvez le travail de Christelle Galand ici, sur son site internet.