Le mot : Cheveux
Tous les deux mois, La Petite Roberte ramène sa science : souvent énervée, toujours engagée, volontiers caustique, sa mission est d’éclairer les expressions et concepts parfois obscurs pour parler d’égalité femmes-hommes et partager une réflexion féministe sur des mots de tous les jours.
Paru dans Femmes ici et ailleurs #38, juillet-août 2020
“Si les cheveux des femmes posaient autant de problèmes, Dieu nous aurait certainement créées chauves”, répond l’autrice franco-iranienne Marjane Satrapi à un mollah dans sa BD autobiographique Persepolis. Et Dieu aurait été plus sage que l’humanité qui fait des cheveux des femmes une affaire d’État depuis l’aube des temps. Au tout début de l’histoire, il y a plus de cinq mille ans, les Sumériennes se voyaient ainsi déjà imposer – ou interdire, selon leur statut social – le port d’une coiffure.

Les millénaires suivants n’ont pas fait beaucoup mieux. Dès leurs premiers gazouillis, les nouvelles-nées se voient affublées de barrettes et chouchous, alors même qu’elles n’ont qu’une touffe de poils sur le crâne. Puis, bien avant la puberté, les cheveux apprennent aux fillettes tout ce qu’elles ont besoin de savoir pour leur vie de femme. Que le champ des curiosités, activités et envies devra être restreint pour éviter les cheveux collés, trempés ou sales.
La petite Roberte