Chékéba Hachemi : L’insolente résistante de Kaboul [Afghanistan]
Avec son association Afghanistan Libre, Chékéba Hachemi ouvre des écoles pour défendre le droit des filles et des femmes à l’éducation. Seul moyen, selon cette résistante pacifiste et figure de la lutte contre l’obscurantisme, de reconstruire son pays ravagé par des décennies de guerre.
Par Louise Pluyaud
Paru dans Femmes ici et ailleurs #28, novembre-décembre 2018

Chékéba Hachemi avait vingt ans lorsque, dans un camp de réfugié·e·s en Afghanistan où elle était bénévole, elle vit arriver une femme “à bout de souffle, les pieds en sang, qui fuyait les bombardements avec ses trois enfants. Son mari et ses frères avaient été assassinés par des groupes talibans. Elle m’a demandé : ‘Crois-tu, ma sœur, que tu pourras construire une école ici ? Ainsi, la vie pourra continuer pour nos enfants.’ Elle aurait pu réclamer de la nourriture, de l’argent. Non, pour elle, l’avenir passait par l’éducation. Je pense à elle à chaque fois que j’ouvre une école en Afghanistan.”
Chékéba Hachemi, aujourd’hui âgée de quarante-quatre ans, est arrivée en France quand elle en avait onze, fuyant l’invasion soviétique. Au début des années 1990, bouleversée par les violences physiques et morales faites aux femmes sous le joug taliban, elle fonde l’ONG Afghanistan Libre. Sa mission : permettre à ses consœurs d’accéder à l’éducation, pour que les femmes afghanes puissent trouver une place active dans la reconstruction de leur pays.
Selon l’ONG Human Right Watch, sur les 3,5 millions d’enfants qui ne sont pas scolarisé·e·s en Afghanistan, 85 % sont des filles. “L’établissement Malalai est le premier lycée de filles à avoir vu le jour en 2002. Il est situé au nord-est du pays, et accueille des centaines d’élèves. Depuis, nous avons ouvert sept établissements scolaires et accompagné près de 300 000 élèves, de la primaire à l’université.”