Dossier : Aux pays des femmes #2 [International]
Les sociétés matrilinéaires, où le nom et les biens se transmettent de mère en fille, sont méconnues, ignorées, parfois fantasmées par les regards occidentaux.
Leur existence montre que l’humanité a su créer des modèles plus égalitaires entre les femmes et les hommes. Du désert du Sahara aux îles du Pacifique, composées de quelques dizaines ou de millions de personnes, anciennes ou plus récentes, ces communautés autochtones partagent de frappantes similarités.
Panorama non exhaustif de ces exceptions qui devraient inspirer la règle.
Dossier réalisé par Emma Ducassou-Pehau, Agathe Gouesmel, Pierre-Yves Ginet et Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #39, septembre-octobre 2020
Les Minangkabau


Indonésie – 4 à 7 millions de personnes
“Les Minangkabaus sont aujourd’hui encore le peuple matriarcal le plus connu et à la population la plus importante”, affirme la chercheuse allemande Heide Goettner-Abendroth, ce qui en fait aussi le plus étudié par les anthropologues. Vivant sur l’île de Sumatra, dans la province de Sumatra Barat, à l’ouest du pays, ce peuple lutte depuis des siècles contre les influences patriarcales extérieures. En Indonésie, la nation où vivent le plus de musulman·e·s au monde, les Minangkabaus ont choisi de conserver leurs traditions matrilinéaires aux côtés des lois coraniques, en préservant en particulier l’Adat, leur droit coutumier matriarcal. Celui-ci fixe les modes de vie et les lois inspirés des anciennes croyances animistes. Il impose notamment que les biens ancestraux d’une famille minangkabau, particulièrement les maisons et les rizières, se transmettent selon la lignée féminine.
Chaque maison, ou clan matriarcal, est sous la gouverne de l’induah, la matriarche. Tous les fonds qui proviennent du commerce, qu’ils aient été récoltés par des hommes ou par des femmes, lui reviennent. Elle est responsable de la prise des décisions, incarne l’autorité et est célébrée lors des fêtes de village. Les Minangkabaus observent également la matrilinéarité, la matrilocalité, la visite de mariage, et les mamaks – les oncles – font office de pères pour les enfants de leurs sœurs.
Les Khasis

Inde – 1,3 à 3 millions de personnes