Dossier : Arts et sciences, elles ont changé nos vies #2 [International]
De la physique fondamentale aux avancées technologiques majeures, de la génétique aux révolutions artistiques en passant par l’informatique ou les innovations essentielles pour la vie pratique, chercheuses et inventrices ont bâti notre monde et transformé notre quotidien. Rares sont celles qui ont connu la célébrité et la reconnaissance qu’elles méritaient. Pourtant ces pionnières ont su non seulement poursuivre leurs rêves, exceller dans leur domaine, mais aussi ouvrir la voie pour toutes les autres.
Textes de Sandrine Boucher, Louise Hiernaux, Maelys Sourt, Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #35, janvier-février 2020
Rosalind Franklin
(1920-1958) | Royaume-Uni
La structure de l’ADN

Élève brillante, Rosalind Franklin montre précocement un caractère bien trempé en se lançant dans une carrière scientifique contre l’avis de son père. Elle obtient son doctorat de chimie en 1945, puis part à Paris étudier la diffractométrie à rayons X. Elle rejoint le King’s College de Londres et applique ses compétences à la recherche sur l’ADN. La chercheuse obtient alors une image d’une qualité exceptionnelle, nommé “cliché 51”, qui met en évidence pour la première fois les deux hélices de l’ADN.
Son collègue Maurice Wilkins, avec qui elle s’entend très mal, montre à son insu ses travaux à Dewey Watson et Francis Crick, engagés dans les mêmes recherches. Les photographies de Rosalind Franklin leur permettent de valider leurs travaux. En 1953, ils publient dans la revue Nature le modèle en double hélice de l’ADN, mondialement reconnu. Rosalind Franklin, elle, est sommée de cesser ses recherches ou de partir. Elle quitte le King’s College et consacre les années suivantes à mettre en évidence la structure de virus, dont ceux de la polio.
Elle meurt en 1958, à l’âge de trente-sept ans, d’un cancer probablement dû à son exposition répétée aux radiations. En 1962, James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins se voient décerner un prix Nobel de médecine pour la découverte de la structure en double hélice de l’ADN. Pas un mot sur Rosalind Franklin, à qui aurait dû revenir cette avancée.
Gladys West
(née en 1930) | États-Unis
Le GPS

Il faut attendre 2018 pour que Gladys West, qui a alors presque quatre-vingt-dix ans, soit finalement célébrée par les États-Unis. Une reconnaissance tardive pour celle qui a œuvré à la programmation de l’énorme ordinateur IBM 7030, construit en 1961 et qui a été chargée de définir les paramètres de la surface terrestre. Son travail a permis le développement de ce qui deviendra le Système de positionnement par satellite, autrement dit : le GPS !
Gladys West grandit dans l’État de Virginie, au sein de la ferme familiale où elle aide aux travaux des champs. Mais elle veut fuir ce destin et travaille d’arrache-pied pour décrocher une bourse pour l’université de Dahlgren. Elle y étudie les mathématiques, puis entre en 1956 au laboratoire des armements de la Marine. Elle commence par démontrer la régularité de l’orbite de Pluton vis-à-vis de Neptune avant de se consacrer à l’analyse des données satellites et à la géolocalisation.
En 1979, elle prend la tête du projet Seasat, un programme de cartographie des fonds océaniques. La mathématicienne prend sa retraite en 1998. Malgré une crise cardiaque qui affecte son audition, sa vue, son équilibre et sa mobilité, elle obtiendra encore un doctorat en 2018.
Jeanne Villepreux-Power
(1794 – 1871) | France
L’aquarium
