Aki Shimazaki : Écrivaine de la comédie humaine
No-no-yuri, qui vient de paraître, est le 18e roman de l’écrivaine canadienne, en à peine plus de deux décennies. Comme toujours dans son œuvre si singulière, Aki Shimazaki dépeint des vies qui s’entrecroisent, des jeux de rôles et des contre-pieds de l’existence. Interview exclusive et rare d’une autrice à part.
Propos recueillis par Pierre-Yves Ginet
Paru dans Femmes ici et ailleurs #50, juillet-août 2022
Biographie express

Née au Japon dans une famille de paysan·nes, Aki Shimazaki a travaillé cinq ans comme enseignante d’école maternelle dans son pays d’origine, avant de le quitter, pour le Canada, en 1981. Elle vit à Montréal depuis 1991. Elle a reçu de nombreuses distinctions internationales, dont le prix Hervé Foulon − Un livre à relire, en 2021, pour Tsubaki, et le prix Asie de l’Association des écrivain·es de langue française pour Yamabuki, en 2014. Écrits en français, ses livres ont été traduits en neuf langues, dont l’anglais et… le japonais.

Comment vous est venu le virus de l’écriture, vous qui publiez tant ?
Enfant, j’étais rêveuse, inventant sans cesse des historiettes dans ma tête. Lorsque j’avais onze ans, notre instituteur a proposé que chaque élève écrive un journal pendant une année et a promis un joli carnet à ceux qui y parviendraient. J’ai alors commencé à noter des petits événements quotidiens ainsi que de courts textes. Écrire de cette façon me plaisait énormément et j’ajoutais au moins deux pages chaque jour à mon journal, sans jamais en manquer un seul. Vers cette époque, une de mes grandes sœurs m’a acheté La Petite Princesse de Frances Elisa Hodgson Burnett. C’est en lisant ce livre que j’ai commencé à rêver de devenir romancière.
Au bout de trois mois, tou·tes les autres élèves avaient renoncé. Je me souviens de mon excitation quand j’ai reçu ce très beau carnet tout neuf, épais, avec une couverture cartonnée, dans lequel j’ai poursuivi mon journal.
Quel rapport entretenez-vous avec l’écriture ?