Aïssa Maïga, caméra au poing
Avec Marcher sur l’eau, Aïssa Maïga signe un nouveau documentaire dans lequel elle explore la question du changement climatique et le problème d’accès à l’eau au Niger, à travers le regard d’Houlaye, une jeune Peule wodaabe. Rencontre.
Propos recueillis par Louise Pluyaud

Pourquoi ce documentaire sur les impacts du changement climatique en Afrique ?
J’avais la volonté de donner à voir le quotidien de populations chaque jour confrontées à la sécheresse. Comme l’affirme le chef du village au début du film : « Avant, si un enfant s’éloignait à peine du village, il s’égarait tant la brousse était touffue. Les animaux sauvages ont disparu. Comme la girafe, par exemple. » En l’espace de deux générations, la situation s’est extrêmement dégradée. Désormais, tout le village, y compris les enfants, doit marcher des kilomètres jusqu’aux puits, ce qui les oblige à manquer les cours. La sécheresse pousse aussi les adultes à quitter leur famille. Comme d’autres éleveurs vivant à la frontière du désert, le père d’Houlaye doit voyager vers les fleuves, dans l’espoir de trouver des pâturages pour le bétail. En leur absence, les femmes peules wodaabe se rendent dans les capitales des pays voisins pour vendre des bijoux artisanaux, de la médecine traditionnelle, leurs services de coiffeuses ou de femmes de ménage. Les jeunes filles comme Houlaye doivent alors s’occuper du foyer.
Pourquoi raconter cette histoire à travers le regard d’une jeune fille de quatorze ans ?