Aïcha Ech-Chenna : Solidaire avec les mères [Maroc]
La Marocaine Aïcha Ech-Chenna se bat depuis plus de trente ans pour que les mères célibataires et leurs enfants soient reconnu·e·s et respecté·e·s. Elle a contribué également à lever l’interdit absolu de l’avortement, désormais autorisé sous conditions.
Par Anne-Marie Kraus
Paru dans Femmes ici et ailleurs #24, mars-avril, 2018
“Au milieu des années 1960, on ne parlait pas des naissances hors mariage. J’ai commencé à prendre conscience de ces problèmes au fur et à mesure”. Aïcha Ech-Chenna est née à Casablanca en 1941. Après des études à l’École française et l’obtention de son diplôme d’infirmière, elle devient assistante sociale à l’âge de quarante ans. “Si j’ai choisi à ce moment-là de faire ce métier, c’est à cause de ces enfants : je ne voulais plus qu’elles et ils soient abandonné·e·s. Et quand vous êtes en colère, vous cherchez des solutions.”

Elle fonde l’association Solidarité féminine en 1985, pour venir en aide aux mères célibataires et à leurs filles et fils, que la société marocaine désigne comme des ould el haram (des bâtard·e·s). L’association accueille aujourd’hui une cinquantaine de femmes et compte trente-cinq salarié·e·s qui leur assurent une formation et leur offrent un emploi. Pendant trois ans, elles sont nourries, logées et leurs enfants sont pris·e·s en charge par la crèche de l’association.