L’actu d’ici et ailleurs – 16/08/22 – 31/08/22
États-Unis – International
Faire face à la vague réactionnaire

“J’ai l’impression d’être dans The Handmaid’s Tale.” Avec une référence au roman dystopique de Margaret Atwood, c’est ainsi que la journaliste américaine Kate McCann a exprimé sur Twitter son dégoût, le 24 juin 2022. Un jour rouge écarlate aux États-Unis, suite à la décision de la Cour suprême de révoquer l’arrêt Roe vs Wade : cette décision protégeait depuis 1973 le droit à l’avortement à l’échelle fédérale.

Depuis des décennies, les réactionnaires religieux·ses planifiaient sa suppression. Elles et ils ont enfin obtenu gain de cause grâce à Donald Trump : en quatre ans, l’ancien Président a nommé un tiers des neuf juges de l’institution, la faisant basculer dans le camp conservateur. Ne tenant compte ni de leurs promesses passées ni de l’avis majoritaire dans le pays (selon un sondage du Wall Street Journal de juin 2022, plus des deux tiers des Américain·es soutiennent le droit à l’avortement), cinq juges de la Cour suprême ont décidé de laisser aux États le choix de maintenir ou d’abolir le droit à l’IVG.
Immédiatement, des manifestations hostiles aux juges conservateur·rices de Washington ont vu le jour, partout dans le pays. Des capitoles ont été envahis. Certains exécutifs fédéraux, comme ceux de la Californie ou du New Jersey, ont sanctuarisé ce droit fondamental.
Au Kansas, à l’issue d’un référendum qui s’est tenu le 2 août, les habitant·es de l’État, pourtant à majorité conservatrice, ont choisi de protéger la possibilité d’avorter. Ailleurs, 20 autres États sur 50 ont d’ores et déjà adopté, ou sont en passe de le faire, des lois interdisant l’avortement ou restreignant fortement son accès.

Dans le pays, les femmes subissent déjà les conséquences de cette décision d’un autre âge. Certaines affluent, depuis les États prohibant l’IVG, vers les territoires l’autorisant, aux États-Unis et au-delà, au Canada ou au Mexique (voir l’interview de Merle Hoffman). Parmi de nombreux cas, une fillette de 10 ans, enceinte à la suite d’un viol, a dû quitter son État de l’Ohio pour être prise en charge. En Louisiane, une femme enceinte d’un enfant souffrant d’une malformation fatale a été empêchée d’avorter.
Au sein du Parti démocrate, des voix s’élèvent contre la “passivité de Joe Biden”, souligne le Washington Post. Critiquant la position politicienne du Président, qui se contente d’exhorter les Américain·es à se mobiliser aux élections de novembre prochain, la sénatrice Elisabeth Warren et la députée Alexandria Ocasio-Cortez ont exigé des actions immédiates comme “la construction de cliniques d’avortement sur les terres fédérales et une aide financière pour les femmes contraintes d’aller avorter hors des frontières de leur État ”.